La chapelle Saint-André, premier lieu de culte catholique installé sur le territoire du Touquet. Dédiée au saint dont elle portait le nom, la petite église avait été construite en 1886, à l'emplacement de l'actuelle poste, sur un terrain donné par le propriétaire des lieux, le notaire parisien, Alphonse Daloz, fondateur de la station du Touquet-Paris-Plage. Achevée en 1887 et bénie l'année suivante, alors que les chalets paris-plageois ne se multipliaient dans les dunes que depuis quatre années, la chapelle fut témoin de la naissance de la grande station du Touquet-Paris-Plage.
Naissance d'une communauté religieuse
Sortir le territoire de l'isolement par le déve- loppement d'un service religieux fut la raison de l'implantation de cette première église sur le territoire du Touquet. C'est à l'Abbé Deligny que l'on confia la mission d'attirer les familles pratiquantes du Nord de la France. Ce dernier eut donc non seulement la fierté de recevoir sa première paroisse, mais de devoir en plus relever le défit de créer une nouvelle communauté religieuse. Ses efforts redoublés et son ardeur seront récompensés et sa mission sera remplie avec succès.
Une église dépassée par le nombre de ses paroissiens
La chapelle Saint André, plusieurs fois agrandie, ne put finalement satisfaire le nombre grandissant de ses paroissiens. Elle fut même durant ses dernières années si dépassée que, malgré les six messes célébrées chaque dimanche, les portes devaient être laissées grandes ouvertes pour la foule contrainte de rester dehors. C'est pour remédier à cette situation que l'on envisagea d'abandonner avec regrets la chapelle au profit du projet d'une église nettement plus grande.
La construction d'une nouvelle église en 1909
Les travaux de la nouvelle église démarrent en 1909, promettant des dimensions à la hauteur du nombre et des besoins des fidèles. La première messe est célébrée le 16 juillet 1911, tandis que le nouvel édifice religieux est inauguré solennellement le 13 août 1911 par Mgr Lobbedey, évêque d'Arras. L'année suivante, en 1912, s'ensuit le baptême de la cloche Clotilde-Marie qui résonne, cette année-là, en témoin de la naissance de la commune du Touquet-Paris-Plage. La consécration du maître-autel réalisé en marbre, orné de bronze doré et de mosaïques, vient enrichir le nouveau lieu de culte, alors que la première guerre mondiale sonne déjà l'arrêt du projet d'enrichissement de l'église. Le conflit passé, les généreux donateurs se remettent à l'oeuvre et les réalisations artistiques reprennent dans les années vingt. S'ajoutent alors deux autels et un baptistère en marbre, les confessionnaux, la chaire, la table de communion, les stalles dans le choeur et les premiers vitraux. L'année 1926 voit la réalisation d'un monument aux morts dédié à la première guerre, sur le mur du transept droit et l'inauguration du premier orgue, destiné à honorer dignement les offices.
Une église frappée par les bombardements de 1944
Si l'hôtel de ville fut étonnamment épargné par les feux de la seconde guerre, il n'en fut hélas pas de même pour l'église qui lui fait face. Lors des bombardements du 4 juin 1944, elle fut tristement réduite à l'état de ruines. En attendant sa reconstruction, on utilise dans un premier temps la salle d'honneur de l'hôtel de ville comme lieu de culte, avant que les premiers travaux d'urgence permettent la réutilisation de l'église limitée à la nef. Durant les premiers étés, les fidèles venus en grand nombre, doivent donc reprendre l'habitude de se masser devant les portes de l'église, comme au temps de la chapelle Saint André. Mais cette fois, les prédications sont retransmises par d'astucieux haut-parleurs jusqu'aux marches de l'hôtel de ville. Quant aux vitraux brisés par les bombardements, ils sont remplacés provisoirement par du verre blanc.
Restauration et transformation de l'église après la guerre
La guerre passée, on s'attache à redonner à l'église l'éclat de ses débuts et on profite de la perspective de reconstruction pour en améliorer la structure d'origine. Le chœur est alors repensé par le prêtre, Fernand Pentel, architecte de formation et ami du curé de l'époque, plaçant l'autel à la croisée du transept, le rendant utilisable de deux côtés. L'ensemble acquit encore de l'originalité, lorsque l'artiste Lambert-Rucki vient en compléter la structure par des œuvres en fer forgé.
Les nouveaux vitraux
Les vitraux éclatés sous les feux de la guerre sont remplacés par ceux que l'on admire aujourd'hui. Ils sont l’œuvre de Max Ingrand et de Jacques le Chevalier et reprennent, comme auparavant, dans une facture magnifiquement colorée, le thème de la vie de Jeanne d'Arc. Les vitraux du chœur, voulus plus sombres pour mieux exprimer les mystères du Rosaire, sont l’œuvre de Paul et Adeline Bony, maîtres verriers. Le vitrail central qui transcende l'ensemble, provient des ateliers lillois des maîtres verriers Six et représente la résurrection. Celui-ci avait été préféré à la tapisserie initialement prévue, jugée onéreuse.
Le grand retour du premier orgue
Le premier orgue datant de 1925, réalisé par le facteur Cavaillé-Coll-Convers et inauguré en 1926, put être restauré, malgré son exposition aux intempéries durant la période de ruine. C'est ainsi qu'aux messes de l'été 1950, les fidèles purent retrouver l'espace complet d'une église toute neuve, servie par l'abbé Jacques Noyer, premier prêtre originaire du Touquet, aujourd'hui évêque émérite d'Amiens resté fidèle à sa ville natale. Durant les années suivantes on bâtit dans le prolongement du transept l'annexe actuelle qui, outre la fonction d'agrandir l'église permet aujourd'hui encore d'offrir une salle autonome.
Un nouvel orgue pour satisfaire mélomanes et paroissiens
Depuis 2008 un nouvel orgue honore l'église Sainte-Jeanne d'Arc.Doté de 37 jeux répartis sur trois claviers, ce nouvel instrument est dû au facteur d'orgue Pascal Quoirin et constitue l'un des plus importants de la région. Il permet l'interprétation de tous le répertoire classique européen de la Renaissance à Mendelssohn, mais aussi une partie du répertoire symphonique de la seconde moitié du XIX ème siècle. Il a été inauguré le 28 septembre 2008 par Olivier Latry, titulaire du grand orgue de Notre-Dame de Paris. L’acoustique de l'église est exceptionnelle. Grâce à sa voute en bois, construite selon la technique de la quille de bateau à l'envers, l'équilibre sonore est parfait entre la persistance du son et la clarté de sa transmission.
Vénération de Jeanne d'Arc et repentance anglaise
Sous l'influence persuasive d'un groupe de ladies venues d'Angleterre proposer leur mécénat, la nouvelle église de Paris-Plage fut dédiée à Jeanne d'Arc, dès le projet de sa construction. C'est un peu comme si l'Angleterre qui vouait déjà sur son sol un culte à l'héroïne, en repentance de son injuste conduite au bûcher, voulait, sur le site religieux de la plus britannique des stations balnéaires françaises, marquer ce regret de l'Histoire. Alors que les travaux de la nouvelle église commencent juste, en 1909, la célébration en août de la fête de Jeanne d'Arc, en la chapelle Saint André, prend une solennité hors du commun, en présence d'une foule de fidèles inégalée. Dès lors, la future église acquiert le nom de "Eglise Jeanne d'Arc" qui deviendra en 1920, après la canonisation de l'héroïne martyre, "Eglise Sainte - Jeanne d'Arc". Les vitraux expriment aujourd'hui cette consécration en retraçant les épisodes de la vie de la Sainte. On trouve également une statue à son effigie à l'extérieur, à l'angle du boulevard Daloz et l'avenue de la Paix. Celle-ci, originellement placée à l'intérieur de l'église, au cœur du monument aux morts de la première guerre, fut épargnée par les bombardements et replacée à son emplacement actuel.
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