Une clientèle aisée adepte des nouveaux moyens de transport aérien honore Le Touquet-Paris-Plage.
Dès 1922, les appareils anglais cherchant à se poser au Touquet sont nombreux. Faute d'instaIlations suffisantes, ils sont cependant contraints de recourir à l'aérodrome de Berck-Merlimont. Pour faciliter leur transfert jusqu'à Paris-Plage, Gaston Sainsart, ami de Blériot, commissaire de l'Aéro-Club de France, réussit à convaincre la Société des Casinos du Touquet d'organiser une navette automobile entre Le Touquet et l'aérodrome de Berck-Merlimont. Soucieuse de récupérer les avions de l'Imperial Airways sur son territoire, la municipalité de Paris-Plage vote en 1934 l'étude de la construction d'un aérodrome, en bordure de Canche, dont les travaux démarreront en février 1936. L'ambition du maire de l'époque, le docteur Jules Pouget, est de promouvoir le transport aérien pour donner aux estivants français et étrangers un moyen rapide et sécurisé de rejoindre la plage la plus prisée de France. Il fut aidé dans cette entreprise par Jukes Guez, aviateur militaire franco- tunisien volontaire durant la première guerre mondiale.
L'objectif est de satisfaire une clientèle commerciale, bien au delà de l'aviation privée ou de tourisme. L'inauguration de l'aérogare a lieu tout juste 3 mois après le lancement des travaux, le 3 juillet 1936 et offre au monde trois journées grandioses de bals aériens et de mondanités, sous la direction de Maurice Seneschal, premier commandant de l'aéroport. Dès la première année d'activité, le succès est confirmé, avec un bilan pour l'année 1936 de 3400 mouvements, assurés par 1700 avions, transportant 4600 passagers. Les chiffres doubleront l'année suivante, alors que l'aérodrome touquettois se verra décerner par l'Aéro-club de France la coupe du meilleur accueil.
On doit l'architecture de l'aérogare historique à l'architecte Louis Quételart. Spécialiste des villas balnéaires et ambassadeur du style moderne touquettois, il adapte l'esprit architectural de Paris-Plage sur le projet aéroportuaire commandé par le maire Jules Pouget. Construite en seulement quatre mois, malgré une superficie de 1000 m², l'aérogare reflètera le mariage modernité et régionalisme que l'on attendait de son auteur. Parmi les adaptations du style des villas Quételart au projet aéroportuaire, on note : les arcs pleins cintres des façades du hall, l'oeil de boeuf de l'escalier d'accès à la terrasse panoramique permettant d'admirer les avions et la baie de Canche, l'usage de la pierre régionale de Baincthun, la tour carrée hébergeant l'horloge et l'appareillage météorologique. La toiture terrasse incarne résolument la modernité et vaut à l'aéroport du Touquet de figurer, en 1936, dans les revues "l'Architecture d'aujourd'hui" et "La Construction Moderne". Le choix des matériaux et l'usage de la polychromie, par le contraste obtenu entre le gris-jaune de la pierre boulonnaise et le bleu marin des menuiseries, apportent la touche maritime, en harmonie avec la géographie des lieux.
Le 3ème aéroport de France
Après la reprise de l'économie mondiale en 1936, la croissance du trafic annuel est telle que l'aéroport est contraint de subir régulièrement des travaux d'innovation et d'agrandissement. Sur le plan technique, une tour radio est ajoutée en 1947, puis rehaussée en 1955. A partir de 1953, le transit annuel atteint les 97 000 passagers, faisant de l'aéroport du Touquet-Paris-Plage le 3ème de France après Orly-Le Bourget et Marseille. Victime de son succès, l'aéroport est condamné à s'étendre. En septembre 1953, une nouvelle piste, plus petite que la première, est ouverte, au prix d'une complète restructuration de l'entrée du Touquet, dont l'accès se fait désormais par la courbe traversant la forêt que nous connaissons aujourd'hui. En 1938, une ligne régulière avec les Pays-Bas est mise en place avant même celle avec l'Angleterre.
A la fin des années 1940, une liaison régulière avec l’Angleterre, assurée par les Bristol de la Silver City Airways, est mise en place, permettant de relier Le Touquet à Lydd en 20 minutes. L'avion Bristol 170 Freighter est spécialement conçu pour transporter des automobiles au dessus de la Manche et établir un pont aérien entre l'Angleterre et Le Touquet-Paris-Plage. Dans sa soute il peut transporter trois véhicules et une dizaine de passagers. Cet étrange appareil est choisi par la Silver City Airways pour assurer la liaison entre les aéroports du Touquet et de Lydd. La compagnie britannique assure le premier vol le 15 juin 1948 et assurera de 1948 à 1958, une trentaine de vols par jour dans les deux sens. Chaque vol dure environ 20 minutes. La compagnie française Air Transport lui succéda. Durant l'exploitation de cette ligne, 125 000 liaisons furent effectuées et 759 000 passagers transportés.
L'alliance du train et de l'avion
En 1956 l'innovation d'une ligne air-fer reliant Londres et Paris vient concurrencer la ligne air-mer existante via Boulogne et Calais et détrôner la fameuse "Flèche d'Or", jusque là si prisée
par les anglais. Les deux capitales sont alors reliées en 5h50 contre 7h45. Les voyageurs en provenance de Paris-Nord arrivent en gare d'Etaples par l'autorail dénommé "Flèche d'Argent" ou
"Silver Arrow" et accèdent par liaison autocar à l'aéroport du Touquet d'où ils s'envolent au dessus de la Manche avec les avions de la Silver City Airways ou de Air Transport, pour atterrir en
Angleterre à l'aéroport de Ferry Field de Lydd. Le voyage vers Londres s'effectuent ensuite par autocar jusqu'à la gare de Victoria station.
En 1962 le raccord direct de l'aéroport du Touquet à la ligne ferroviaire Paris-Boulogne, grâce à une voie de 1100 m de long réservée à la Flèche d'Argent, simplifie et écourte encore le voyage
entre Paris et Londres, du fait que les voyageurs n'aient plus à être transférés en autocar. A l'arrivée de cette ligne, au bord de la nationale 40, un bâtiment air-fer de 600 m² est construit,
rassemblant les services d'accueil, de police et de douanes à proximité desquels deux avions peuvent stationner. Cette aérogare annexe permet d'accueillir simultanément dans les deux sens les
passagers transitant entre Londres et Paris. Les deux capitales sont alors reliées en 5 heures de temps puis en moins de 4h15, grâce à un nouvel autorail plus rapide, effectuant le voyage 3 fois
par jour.
A partir de 1970, le trafic aérien devient trop intense pour conserver l'aérogare annexe devenue trop exigüe. L'activité aéroportuaire est alors recentrée sur l'aérogare principale plus grande et
mieux adaptée pour répondre aux flux importants des voyageurs. La "Flèche d'Argent" y accède alors directement grâce à un nouveau prolongement de la ligne ferroviaire. Les voyageurs en
provenance de Paris arrivent dès lors directement à la grande aérogare du Touquet, sur un quai situé entre la tour de contrôle et le bâtiment d'accueil. A Pâques 1972, cette alliance unique en
France du train et de l'avion assurant aux voyageurs entre Paris, Le Touquet et Londres un confort et une rapidité inégalés, est salué par le ministre Bettencourt de l'époque, tel qu'on peut le
lire dans l'édition des Echos du Touquet du 24 mars 1972.
Concurrencé par le développement des navettes aéroglisseurs au départ du port de Boulogne sur mer, le service ferroviaire de la "Flèche d'Argent" sera définitivement supprimé le 28 septembre
1980, après avoir largement contribué au développement aéroportuaire du Touquet-Paris-Plage durant la période de 1956 à 1980.
Le radar d'approche des années 1960
Dans les années 1960, compte tenu de l'importance du trafic géré, cet aérodrome est l'un des premiers aérodromes français à être équipé d'un radar d'approche par la Direction Générale de l'Aviation Civile. La technologie de cette époque imposait des radars installés au ras du sol.
En 1959, le complexe aéroportuaire est révolutionné avec la création d'une nouvelle aérogare de plus de 3000 m² en extension du bâtiment historique qui perd alors son caractère originel. En 1961 est construit le restaurant "L' escale" et en 1967 la tour de contrôle actuelle vient compléter l'ensemble.
A partir des années 1970, la courbe s'inverse avec une baisse du trafic aérien conduisant la commune du Touquet à reprendre certains terrains inutilisés en créant la ZAE de la Canche. En 2004, c'est la petite piste qui est déclassée, ouvrant à l'urbanisation future une zone de 18 ha. Un premier lotissement est projeté ayant conduit à la réalisation d’un premier lot accueillant le complexe du nouveau collège et des parkings. Le centre d'affaires du Touquet-Paris-Plage a pu également être installé dans les anciens locaux immenses de l'aérogare, afin de trouver une nouvelle utilité rentable de la structure, dans une perspective d'encouragement du développement économique local.
Un aéroport recentré sur l'aviation de tourisme
Les tentatives de pérennisation d'une liaison régulière avec l'Angleterre ont échoué. Le trafic se limite aujourd'hui aux avions privés et aux avions-taxis. L'aéroport fait partie du "Groupe aéronautique du Littoral" qui regroupe l'aérodrome d'Alpech au Portel, l'aéroport de Saint-Inglevert-les deux caps, l'aéroport international Calais-Dunkerque, l'aéroport de Dunkerque-Les Moër, l'aéroport de Berck-sur-Mer et l'aéroport de Saint Omer-Wizerne.
Une piste d'atterrissage accessible 24 heures sur 24
La piste est équipée d'un système d'atterrissage ILS et l'aéroport offre une capacité IFR / VFR de nuit. Le système permet aux pilotes arrivant de nuit ou aux jours d'absence des contrôleurs du ciel, de déclencher individuellement l'allumage du balisage de la piste d'atterrissage, grâce à l'usage d'une fréquence radio à partir de leur avion. La présence des contrôleurs dans la tour de contrôle n'étant , par ce système, plus nécessaire, cela permet d'augmenter l'amplitude horaire de l'activité de l'aéroport. L'aéroport Le Touquet-Côte d'Opale étant un aéroport de plaisance, l'offre d'une possibilité d'atterrissage 24 heures sur 24 est un gage de rentabilité par rapport à une clientèle représentant un atout économique pour la station non négligeable.
Une école de pilotage d'hélicoptère, le "Rotor Club de la Côte d'Opale", s'est également installée à l'aéroport du Touquet-Côte d'Opale. Cette école, sous la responsabilité du pilote-instructeur Philippe Cotrel, ancien maire du Touquet-Paris-Plage, assure la formation de pilotes privés PPL (H) FCL-2, les vols d'initiation et les vols touristiques. Le Rotor Club de la Côte d'Opale donne également la possibilité de découvrir - durant des vols de 20 minutes - le YAK 52, avion de légende ayant servi à la formation des pilotes de chasse russes et largement utilisé par les pilotes de voltige.
Le Centre d'affaires du Touquet-Paris-Plage occupe aujourd'hui le premier étage du bâtiment principal de l'aérogare. Il s'agit d'un lieu spécifique regroupant des entreprises existantes et offrant des services divers. Il est également ouvert à toute entreprise souhaitant s'installer, domicilier son siège social ou organiser des réunions au Touquet-Paris-Plage. En lien avec ce centre, une pépinière d'entreprises a été créée. Elle offre une structure pour accueillir, héberger, domicilier et appuyer les porteurs de projet et les créateurs d'entreprises, en partenariat avec la chambre de commerce et d'industrie de Boulogne-sur-Mer Côte d'Opale.
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