Un phare improvisé
Très vite après la destruction des premiers phares durant la seconde guerre, il fallut trouver une solution pour signaler l'embouchure de la Canche. On improvisa alors l'installation d'un phare au sommet du beffroi de l’hôtel de Ville que l'on alluma pour la première fois le soir du 15 octobre 1945. Ce phare est alors composé de trois projecteurs visibles à 18 km. Il fonctionne grâce à une lampe de 1000 watts et un feu à 4 éclipses faisant un tour complet en 20 secondes. Le phare du beffroi fonctionnera six bonnes années, le temps de construire le phare que nous connaissons aujourd'hui.
La construction d’un nouveau phare
La construction du phare de la Canche, nouveau phare du Touquet-Paris-Plage, a démarré en 1948 et est devenu l'édifice le plus élevé de la ville. Il dépasse la tour du lycée hôtelier et se trouve même légèrement plus élevé que les feux d'avant-guerre (57 m contre 54 m). Bien qu'érigé sur le site des anciens phares, le nouveau phare ne repose sur aucune de leurs fondations. Il s'élève au centre du square Rivet, devant l'ancienne habitation de fonction, occupée successivement par les maîtres de phare, puis les derniers gardiens qui y vivèrent jusqu'à l'automatisation du système lumineux en 1998. Aujourd'hui transformée en musée historique, la "Maison des phares" s'est offerte une seconde vie.
Mise en service du phare
Le phare de la Canche fonctionne depuis septembre 1951. Depuis, le phare n'a cessé d'émettre le signal qui lui est propre. Son code de lumière se reconnaît à l'émission de deux éclats blancs groupés toutes les 10 secondes. Il est visible, par temps clair, jusqu’à une cinquantaine de km.
Un phare dans la ville
La position du phare en retrait de la mer, à 800m de la plage actuelle, surprend toujours les visiteurs. Il faut dire que dans la représentation collective, les phares sont liés au rivage. Un phare dans la ville rompt avec cette image et suscite quelques questions.
Une terre qui gagne sur la mer
Il faut s'imaginer qu'il y a un siècle et demi, le trait de côte n'était pas celui que nous connaissons aujourd'hui. Jusqu'à notre époque, ce n'est pas le niveau de la mer qui a baissé, mais le littoral qui a progressivement avancé, sous l'effet de la formation de nouvelles dunes et d'un ensablement régulier. A l'exception de travaux de remblais et d'endiguement réalisés par l'homme en bordure de Canche, jusqu'en 1924, pour fixer les rives de la Canche et aménager notamment les terrains de l'aéroport, de l'hippodrome et du complexe équestre, cette progression est naturelle et se poursuit aujourd'hui encore, avec l'allongement du banc du Pilori et de la pointe du Touquet.
Hier proche du rivage entre les pins et les dunes, aujourd'hui en pleine terre
Les premiers phares de 1952 se trouvaient à environ 300 m du rivage, alors que celui d'aujourd'hui s'en trouve éloigné de 800 m. A l'époque des anciens phares, près de la moitié du territoire urbanisé de la ville que nous connaissons aujourd'hui se trouvait donc immergé par la mer, tandis qu'à l'époque de la construction des premiers chalets de Paris-Plage en 1882, la plage se situait à la hauteur de la rue de Paris. Le phare est le meilleur endroit où l'on peut comprendre cette évolution de par le panorama complet qu'il offre sur la ville et le littoral.
Des phares entre dunes et forêt
A la fin du XIXème siècle, les premiers phares du Touquet se trouvent dans un environnement sauvage, sans aucune construction autour. Le projet de Paris-Plage démarre et les chalets du premier lotissement de la station embryonnaire commencent à coloniser méthodiquement les dunes. La jeune forêt de pins, plantée par Alphonse Daloz entre 1855 et 1865, a poussé et les deux magnifiques phares en pierres blanches émergent entre la forêt et les dunes. Ils font l'admiration de nombreux promeneurs qui se prennent à rêver d'une future ville de lumière et pensent très certainement à l'implantation du chalet qu'il vont bientôt faire bâtir.
La ville se rapproche des phares
Au début de XXème siècle et particulièrement entre les deux guerres, l'urbanisation galopante, nourrie par les projets d'extension de Paris-Plage, les envolées de perspectives architecturales et la volonté de prolonger la cité dans la forêt, s'accélère. La ville se rapproche donc inexorablement des phares. Avant la première guerre, elle est déjà à leurs portes et peu d'espaces de dunes sauvages s'étendent encore à leurs pieds. A partir de 1930, villas et hôtels auront rejoint les deux phares, les rendant dès lors plus citadins que maritimes. Un nouvel univers est né, dans lequel les phares ne sont plus le seul témoignage de la croisée de l'univers de l'homme et de celui de la nature. Désormais les belles villas, créées pour composer une harmonie avec la forêt, rivalisent de beauté et d'élégance au pied des phares.
Un phare derrière la ville
Aujourd'hui, la ville du Touquet-Paris-Plage s'étend entre le phare de la Canche et la plage, lui donnant définitivement le caractère citadin que les premiers phares, un siècle plus tôt, avaient mis longtemps à acquérir, au fil de l'évolution naturelle du territoire et du développement de la cité.
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