La forêt du Touquet est assez jeune (150 ans) mais son histoire est intéressante car elle reflète l'évolution de la ville au fil du temps. C’est cependant au notaire parisien Alphonse Daloz que l’on doit sa naissance.
Avant l’existence de cette forêt s’étendent au sud de l’estuaire de la Canche des dunes et garennes progressivement et naturellement conquises sur la mer depuis le Moyen Age. Ces étendues sauvages en perpétuel mouvement sont la propriété des abbés-comtes de Saint Josse du XIIème siècle jusque vers la fin du XVIIème siècle.
Alphonse Daloz plante la forêt du Touquet
C’est plus tard au XIXème siècle en 1837 que les notaires parisiens Daloz et Alyon acquièrent ensemble 1600 hectares de ces espaces entre baie de Canche et Manche, dénommés « domaine du Touquet ». Après des tentatives infructueuses de culture et d’élevage, les propriétaires s’orientent vers la sylviculture sur l’idée d’Alphonse Daloz qui fait planter en 1855 les premiers pins maritimes pour fixer les dunes. Entre 1856 et 1882 naît progressivement au fil de l’application de cette politique de boisement un massif forestier qui atteint au maximum de son extension 1200 hectares. La forêt du Touquet est donc à l’origine une forêt née de la main de l’homme, destinée à être exploitée, sur le modèle de la forêt landaise et qui deviendra le terrain de jeux des anglais et français de la haute société adeptes de la chasse à courre.
Des villas nichées dans la forêt
Suite au projet de création d'une station balnéaire du nom de Paris-Plage, lancé par Alphonse Daloz, sur l'idée d’Hyppolite de Villemessant (directeur et refondateur du Figaro de l'époque) rencontré lors d'une partie de chasse sur le domaine, les villas commencent à coloniser progres- sivement le territoire dès 1874. Leur multiplication s’accélère entre les deux guerres avec l’arrivée d’architectes audacieux portés par la Belle Epoque qui font naître des demeures rivalisant de modernité, d’extravagance et d’élégance.
La réussite du paysage de la forêt de Paris-Plage tient dans le fait que les villas sont intégrées au tissu végétal. C’est grâce à l’organisation du Touquet Syndicate Limited, organisme privé créé par l’homme d'affaire anglais John Whitley, que cette ambitieuse gestion du territoire devient une réussite. Cette organisation très anglo-saxonne permet dès lors un essor rationnel et esthétique de la station. Une planification raisonnée permet de maîtriser les extensions du domaine et le développement des activités et des équipements hôteliers, tandis qu’un travail constant sur la relation entre les jardins et l'urbanisme garantit une bonne intégration des villas dans le paysage forestier.
Le pin maritime emblème de la forêt du Touquet
Le massif forestier du Touquet se caractérise notamment par ses boisements de pins maritimes qui ont donné à la station une partie de son identité. Ces conifères avaient été précieux à l'origine des plans de boisement d'Alphonse Daloz, en raison de leur croissance rapide et de leur exceptionnelle tolérance des milieux secs des sols dunaires. Aujourd'hui, leur présence reste prédominante sur les zones du massif dunaire les plus élevées et les plus arides. Bien que relayés par le choix d'essences mieux regénératrices dans une forêt vieillissante, on continue à maintenir le pin maritime pour respecter l'identité et le caractère de Paris-Plage qui peut se targuer de posséder la forêt de pins maritimes la plus septentrionale d'Europe et justifier ainsi d'un climat maritime tempéré.
La forêt du Touquet n’est cependant pas une réduction de la forêt landaise. La présence de nombreuses zones humides dans les dépressions creusées à l'origine par le vent entre les différents cordons dunaires, bénéficient de l’affleurement de la nappe phréatique provenant des plateaux de l’arrière pays. L’arrivée de cette eau permet le développement de boisements mixtes. Les gestionnaires successifs des espaces forestiers ont profité de ce cadeau de la nature pour diversifier les boisements et peupler le relief des dunes à l’arrière de la zone buissonnante exposée à l'air salin.
L'introduction des essences nobles
On trouvera essentiellement le chêne, le bouleau, le tremble, l’érable, l’acacia et le peuplier. Ces arbres constituent une base d’essences capables de mieux régénérer le sol et de contribuer à la pérennisation du massif, ce que seuls les résineux ne sont pas capables de faire.
La forêt du Touquet se réduit aujourd'hui à 200 ha. L’urbanisation et le grignotage des parcelles forestières, poursuivis jusqu’à nos jours, en sont responsables. Mais ces très nombreuses villas bâties durant un siècle dans la forêt constituent le patrimoine indiscutable du Touquet-Paris-Plage qui a reçu de ces demeures de charme une élégance inégalée et une réputation internationale.
La forêt du Touquet est restée le paradis de l'équitation
Les nostalgiques des rendez-vous de chasse mondains ou des chevauchées sauvages à travers bois, devront admettre que les 200 ha de forêt restants entre les villas font aujourd’hui l’objet d’une gestion municipale rigoureuse, soumise à un plan de gestion raisonné. Ils constateront également que si la chasse a disparu, l’équitation est toujours une activité reine au Touquet-Paris-Plage. La station avec son réseau de pistes équestres inégalé, n’est-elle pas l’un des rares lieux en Europe à offrir encore aux amateurs des chevauchées de la forêt à la mer à l’écart des zones urbaines ?
Le plan de gestion forestière respecte les recommandations du conservatoire botanique de Bailleul, de l’ONF et des scientifiques témoins de la valeur écologique du massif. Il respecte également la Loi littoral qui englobe les dunes, landes et zones forestières des côtes françaises dont le périmètre de protection permet la préservation de la diversité des écosystèmes dunaires et forestiers. La présence d'espèces ani- males et végétales patrimoniales tel que le rare pic noir ou certaines espèces d’orchidées sont autant d’indicateurs de la bonne santé actuelle du massif forestier du Touquet.
La politique de gestion depuis de nombreuses années respecte la forêt en maintenant une politique de dialogue et de suivi avec les propriétaires. Tout abattage d’arbre sur un terrain privé nécessite une autorisation et implique pour le propriétaire l’obligation de replanter en concertation avec le service forestier municipal.
Le respect et l’entretien des sentiers piétons et des pistes cavalières permettent aujourd'hui, autant qu'autrefois, de profiter au maximum des espaces de nature sauvage. Si les étendues sauvages ont regressé en faveur du développement de la ville du Touquet et de la multiplication des villas, les zones aujourd'hui préservées sont soignées et aménagées de manière exemplaire.
Le Touquet-Paris-Plage applique le principe du développement durable. L’augmentation du nombre des villas est compensée par le maintien d'un équilibre entre le développement de la station et la préservation de son patrimoine naturel, car l'harmonie entre la mer et la forêt constitue l’identité, le succès et la ressource essentielle du Touquet-Paris-Plage.
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